Le 12 Septembre dernier, Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, en visite dans une caserne de sapeurs-pompiers du Val-d'Oise et une brigade de Seine-Saint-Denis a officiellement lancé l'expérimentation des caméra-piétons par les soldats du feu.
La mise en place de ces nouveaux équipements, testés depuis 2013 par les policiers et les gendarmes, vise à mieux lutter contre les agressions dont les pompiers sont de plus en plus victimes. Elle intervient un an après le décès de Geoffroy Henry, 27 ans, poignardé par un déséquilibré lors d'une intervention dans le Val-de-Marne. Une tragédie qui avait provoqué l'émoi et poussé la profession à réclamer davantage de l'Etat.
Depuis janvier 2019, les pompiers ont subi 1.274 agressions physiques ou verbales, soit en moyenne cinq par jour pour 10.000 interventions, selon la DGSCGC (Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises). Au total, 312 d'entre eux ont été blessés. Globalement, les attaques à leur encontre augmentent d'au moins 15% chaque année depuis dix ans.
En moyenne, les sapeurs-pompiers sont victimes de 5 agressions par jour en France.
Testées jusqu'en février 2022, selon un décret de juillet, les caméras-piétons sont «un outil de prévention et un outil de fermeté», a déclaré Christophe Castaner lors de son passage à la caserne de Saine-Denis. Leur objectif ? «Apaiser une situation» et «constituer très clairement la preuve de la culpabilité de l'agresseur».
La Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris (BSPP) et le Service Départemental d'Incendie et de Secours (SDIS) du Val-d'Oise seront les premiers à expérimenter le dispositif. D'autres sites de Gironde, Loire-Atlantique ou encore du Morbihan sont également candidats.
Accueillant certes avec intérêt ces caméras-piétons, les syndicats demeurent sceptiques quant à leur efficacité. «Ce ne sont pas des caméras qui vont arrêter des agresseurs déterminés [ou] sous l'emprise de stupéfiants. Si on prévient qu'ils sont filmés, cela pourrait peut-être même les inciter...», estime ainsi Yannick Ténési, secrétaire général du syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels (SNSPP-PATS). Et d'admettre : «Cela ne réduira pas le nombre d'agressions, cela permettra juste de prouver la bonne foi du pompier et de confondre un peu plus les agresseurs.»
Le test grandeur nature de ces nouveaux dispositifs survient dans un contexte social tendu, les pompiers ayant décidé de prolonger leur mouvement de grève, né en juin, pendant deux mois supplémentaires jusqu'à fin octobre. Ils réclament de meilleurs conditions de travail, davantage d'effectifs, ou encore une revalorisation de la prime de feu.
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